Contribution du Centre Ubuntu dans le projet de responsabilisation de la population et des élus locaux pour une gouvernance participative à travers des animations communautaires
Augmenter la participationeffective des citoyens (spécialement lesfemmes, les pauvres et les marginalisés) dansla gouvernance locale et dans les processusde prise de décisions Pourquoi la nécessitéd’un tel projet ? Il n'y a pas très longtemps,le concept de « gouvernance » au Burundi était un sujet tabou. On pouvait discuter surtout sauf la mise en question de l'action desgouvernants. Personne ne croyait en la possibilité d'une attitude contraire.Aujourd’hui, le temps a fait son œuvre. L'évolution du processusdémocratique au Burundi fait basculer vers un changement d’attitude et de comportements. Ce changement est aussi tributaire de l’implication de diversacteurs sociaux. Pour le moment, certains burundais ont compris que laquestion de gouvernance n’est pas seulement l’affaire des élus ou desautorités locales. Peu à peu, le peuple voudrait être «vrai» détenteur du pouvoir.
Un mouvement similaire s'observe aussi du côté de l'autorité. Celle-ci se rend de plus en plus compte qu'elle est redevable au peuple. C'est une avancée significative qu'il y ait des autorités qui savent qu’elles représententprioritairement le peuple et leurs intérêts. Ceci se remarque par l'ouverture et la collaboration qui puisent dans les besoins exprimés et non exprimés de lacommunauté. L'autorité s'efforce aussi pour prendre en compte les préoccupations des pauvres et des marginalisés.
Nonobstant, changer un système se fait par de petits sauts et des reculs, quelques fois. Dans un processus de changement, la stagnation est chose courante. Mais l'essentiel du changement réside dans l'implication de chaque partenaire en ce qui le concerne. C'est ainsi que nous pouvons remarquer qu'ilpréexiste chez certaines autorités une certaine croyance en l’ancien système.La pratique de la soumission aveugle n'est pas totalement abolie. Lacollaboration demeure un défi à relever par bon nombre de gouvernants.Jusqu’aujourd’hui, des décisions (souvent erronées) sont parfois prises sanschercher l’avis du peuple que l’on représente. De plus, la prise en compte desavis des pauvres et des marginalisés ou encore leur participation dans la prisede décisions communautaires laisse à désirer.
L'enjeu fondamental est d'aider le peuple à bien intégrer la relation entredémocratie et gouvernance participative. Car, certains citoyens s'enlisent dans la confusion, débouchant sur des comportements totalement intolérables. En guise d'exemple, certains croient qu’en démocratie l'on peutfaire tout ce que l’on veut, n’importe quand et n’importe comment. Pourtant,la réalité sociale est telle que, chaque citoyen a non seulement ses droits,mais aussi il a ses devoirs envers sa société. Cela n'est pas encore bien intégré dans l'esprit de beaucoup de Burundais.
Quid de la réalité sur terrain après quelques interventionscommunautaires du Centre Ubuntu
Depuis quelques années, le Centre Ubuntu est actif dans le renforcement descapacités de la communauté. Les activités d’animations communautairesvisent la responsabilisation de la population et des élus locaux pour unegouvernance participative. Tout en reconnaissant que le travail est loin d'êtreachevé, il est possible de relever des situations qui font blocage à uneresponsabilisation effective de la population et des élus locaux pour unegouvernance participative. Voici quelques comportements évoqués par lapopulation (ensemble avec les élus) comme étant obstacles à la vraiedémocratie et à la gouvernance participative :
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Méconnaissance de l'importance et de l'intérêt de participer auxactivités/réunions communautaires;*
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Confusion par une partie de la population et/ou des élus entre lesactivités du parti politique au pouvoir et les activités communautairesd’intérêt général ;
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La population qui ne sait pas qu’elle a le droit de demander descomptes à ses élus ;
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Abus de pouvoir par certaines autorités au détriment de la population ;
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Des autorités corrompues et/ou prêtes à être corrompues tandis qued'autres font mauvais usage des biens publics;
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Certaines autorités qui, sous menace de mort, commettent des bavurespour satisfaire les intérêts de leurs supérieurs hiérarchiques ;
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Manque d'information sur le droit de la population à participer aux réunions de leurs conseils communaux ;
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Manque de respect vis-à-vis des élus par certains citoyens ;
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Mauvais traitements infligés aux femmes par les hommes, ou par lesautorités vis-à-vis de la population;
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L’impunité plus ou moins généralisée des crimes très graves qui faitrégner un sentiment de panique chez les victimes ;
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Le parti au pouvoir pouvant assurer la protection de ceux qui créent lapanique dans leur communauté ;
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Sécurité de plus en plus dégradante dans le pays ;
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Manque de cohérence entre les promesses électorales et l'activité réelledes élus.
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A côté de ces comportements problématiques, nous trouvons iciquelques conséquences y relatives qui ont été aussi citées par la population:
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Recrudescence de la criminalité;
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Recours à la vengeance et à la violence par la population;
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Chasse aux hommes et femmes intègres qui s'observe dans certainsservices publics;*
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Refus de rendre justice aux pauvres et aux marginalisés car, sans moyens de payer des pots de vin;
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Perte de dignité et de respect envers les corrompus notoires;
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Manque de confiance envers les autorités qui vénèrent le parti plutôt que d'honorer leurs engagements envers le peuple;
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Règne de la terreur et usage de la force par les autorités;
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Tendance à la révolte de la population contre l'abus de pouvoir;
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Retard dans le développement suite au manque de collaboration entreles élus et la population;
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Là où la justice ne fonctionne pas correctement, l’animositéprime sur l’humanisme et, dans pareil cas, tout est permis;
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Risque d'incompatibilité entre démocratie et développement.
Anicet Nsabimana
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