L’alcoolisme contribue-t-il au sous développement ou est il un signe de sous développement ?
Pendant les quelques jours passés à l’intérieur du pays où l’équipe du Centre Ubuntu devait échanger avec la population sur le leadership et la gouvernance participatifs à la base, j’ai remarqué des faits dont un m’a touché :
Dans une des zones des provinces MAKAMBA, le rendez- vous avec les agents du Centre Ubuntu était fixé à 8h00 du matin. L’équipe du Centre Ubuntu a été ponctuelle mais le premier des participants est arrivé vers 9h30 et il sentait déjà de l’alcool! Ceux qui sont arrivés après n’étaient pas différents du premier car ils sentaient le même parfum. Selon les dires de certains, il paraît que dans ce coin de la province, les bistrots ouvrent dès 6h00 du matin.
Est-ce que ce phénomène contribue au sous développement ou c’est un signe du sous développement ? Si on devrait choisir une seule parmi ces réponses, le choix serait compliqué. Signalons d’abord une chose. Dans cet endroit, la terre est fertile à voir la verdure que présentaient les champs de haricot pendant cette période. Malheureusement les femmes travaillent seules, les unes pour gagner la sympathie du mari car la polygamie y est aussi monnaie courante, les autres parce que c’est l’habitude car les gens du milieu se sont inventé une loi que c’est la femme qui s’occupe des travaux champêtres tandis que le mari passe toute la journée et une partie de la nuit au bar. On comprendra aussi ici que les mariages illégaux sont très fréquents, ainsi que les bagarres et les divorces même si l’administration essaie de s’impliquer dans la lutte contre ces fléaux.
Les membres du « comité local d’Ubuntu» nous ont signalé qu’ils sont souvent interpellés pour trouver une solution durable à ce problème. Quand nous avons demandé à un des dirigeants locaux pourquoi il n’applique pas la loi pour empêcher aux gens d’ouvrir les bars trop tôt, il a donné l’air d’avoir peur d’affronter la population « Sinobabuza bonyica – Ils risqueraient de me tuer si je les en empêche ». Il paraît que lui non plus n’hésite pas d’entrer au bar avant la fin des heures de service quand les dossiers à traiter ne sont pas très nombreux.
Il existe quand même des gens conscients du problème : «None mubona tuzotera imbere gute n’inzoga zo kuva mu mutwenzi – Comment allons-nous pouvoir nous développer avec cette prise d’alcool depuis l’aube?» s’inquiète une des personnes qui étaient au chef lieu de la zone.
L’alcoolisme, en plus d’être un signe de traumatisme de guerre, contribue au sous développement. Ceux qui fréquentent les bars en savent quelque chose. Il n’est pas souvent facile à un homme de s’asseoir et vider sa bouteille pour se détacher des compagnons. Si une autre bouteille ne lui est pas proposée, le concerné s’en achète une autre, même en s’endettant ; ainsi le temps passé au bar va s’allonger et bonjour les conséquences qui s’en suivront.
Dans l’autre sens, l’alcoolisme pourra être pris comme une conséquence du sous développement car, apparemment, les gens ne connaissent pas encore l’importance du temps. Si au moins on pouvait évaluer ce qui peut être fait pendant toute une journée passée au bar, on s’organiserait autrement.
L’administration à la base et les organisations, dont le Centre Ubuntu, ont encore beaucoup à faire dans l’éducation de la population. C’est cette population qui, avant tout le reste, devrait connaître les lois en vigueur, dans le domaine du mariage par exemple car la femme en souffre souvent quand il y a mésentente entre les concubins. Comme nous l’avons appris, les femmes de cette zone sont battues et chassées alors qu’elles n’ont aucune force pour se défendre en requérant un papier officiel justifiant leur union. Le cas d’une femme dont le concubin est allé jusqu’à la déshabiller et revendre ses habits pour s’acheter de la bière est très parlant. C’est quelque peu révoltant quand une personne humaine est ainsi maltraitée. C’est finalement trop tard qu’elle a remarqué qu’elle n’aurait pas du suivre cet homme avant de se présenter devant la loi.
Les leaders devraient être à mesure de faire respecter les lois car elles sont là pour la protection et le bien-être du citoyen. Beaucoup d’autres coins du pays connaissent des problèmes de ce genre, nous espérons que les enseignements que le Centre Ubuntu dispense sur une grande partie du territoire seront d’un certain impact sur ce genre de situations.
BARINDOGO Véronique
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