Introduction
Justification et Motivations
L’intérêt de cette étude se situe à deux niveaux :Premièrement, les crises qui ont endeuillé le Burundi (spécialement les crises de 1972, 1988 et 1993), ont laissé une grande plaie ouverte chez tous les Burundais, et particulièrement chez les jeunes. Des polarisations d’idées et de convictions politiques survenues avec l’avènement du multipartisme dans les années 1990, ainsi que les configurations ethniques et régionales que les crises avaient induites ont écartelé les enfants d’une même nation ; certains ont fui leur pays ou pris des armes, les autres se sont retrouvés dans des sites de déplacés. Avec la signature des Accords de Cessez-le-feu dans les années 2000 à 2008 entre les anciens mouvements rebelles et le Gouvernement du Burundi, nous avons assisté au rapatriement de milliers de gens venant pour la plupart des pays limitrophes.
Et avec le programme de démobilisation et de réintégrationdes anciens belligérants, les démobilisés se sont mêlés sur les collines avec la population qui n’a pas pris les armes. Une haine mutuelle néanmoins est née entre les différents groupes : les rapatriés qui se chamaillent avec les « résidents », les déplacés et les gens qui sont restés sur les collines qui se regardent en chiens de faïence, les ex-combattants qui doivent apprendre comment vivre en paix avec le reste de la population.Le sentiment de haine mutuelle affecte le plus souvent les jeunes, qui sont souvent perméables à la manipulation.
Le Centre Ubuntu dont l’un des objectifs spécifiques est de reconstruire les liens sociaux « à partir de la valeur de l’UBUNTU et des autres valeurs culturelles burundaises pour un développement communautaire intégral », ne peut pas rester insensible face aux déchirements entre les jeunes Burundais. Démontrer la démarche entreprise par ce Centre pour travailler à la réconciliation progressive entre les différents groupes de jeunes est notre première motivation de cette étude.
Deuxièmement, nous constatons que les conflits qui opposent les jeunes de différents groupes se manifestent souvent par une couche politico-ethnique assez accentuée. Néanmoins, en se penchant sur le réalisme social de chaque groupe, nous constatons que c’est plutôt l’incertitude du lendemain quant à la survie socio-économique qui attise le plus les haines et conforte les polarisations.
Il est donc capital d’étudier l’impact des projets de développement initiés par le Centre Ubuntu sur les relations mutuelles entre les jeunes et sur la garantie que cela induit pour une société réconciliée.
Problématique
Les réflexes conflictuels chez les jeunes est une triste réalité au Burundi. Si les tentions politico-ethniques commençaient à perdre de leur virulence, la rivalité entre les partis politiques et l’inégalité socio-économique entre les jeunes de différents groupes risquent de réveiller les démons de la violence. Ce climat malsain vient aggraver les blessures psycho-sociales que porte déjà la majorité de jeunes burundais ; d’où l’on se demande s’il est encore possible que les jeunes puissent se rencontrer autour des initiatives communes pour mieux se réconcilier. Quelle serait l’efficacité des projets de développement dans le processus de consolidation de la paix entre les jeunes ?
Hypothèse
Notre hypothèse est que les jeunes Burundais, s’ils sont parfois facilement manipulables, sont aussi ouverts au changement et aux initiatives de développement. Ils ont beaucoup plus besoin des leaders rassembleurs qui les guident sur la voie de la paix et du développement socio-économique que des simples manipulateurs de leurs émotions. Il nous semble donc évident que toute initiative qui va dans ce sens serait favorablement accueillie par les différents groupes de jeunes en conflits.
Méthode et plan
Notre méthode est essentiellement démonstrative. Dans le premier chapitre nous démontrons les stratégies utilisées par le Centre Ubuntu pour la consolidation des acquis de la paix. Nous revisitons l’efficacité des animations psychosociales et les modules de formation qui ouvrent aux projets de développement. Dans le deuxième chapitre nous exposons brièvement la question de la jeunesse burundaise et nous faisons une étude des cas ciblés (Buhiga, Gatara, Nyanza-Lac, Mubanga, Bugendana, Kayogoro, Kibago et Giharo). Le troisième chapitre nous aide à prendre connaissance des Clubs Ubuntu établis dans certains établissements scolaires et académiques du pays.
Dans le dernier chapitre nous exposons l’impact des projets de développement initiés par le Centre Ubuntu dans le souci de la consolidation de la paix entre les jeunes en conflits. Nous concluons notre étude par des recommandations.
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