Briser les Tabous : La Santé Mentale au Burundi et la Lutte contre le Suicide
Dans le cadre du projet "WIHORA IKI ? – Contribution à la prévention du suicide au Burundi", le Centre Ubuntu, en collaboration avec la Coopération Suisse, mène des animations psychosociales dans les zones ciblées de Gitega (communes de Gitega, Mutaho et Bugendana) et Rumonge (communes de Rumonge, Buyengero et Bugarama) pour sensibiliser les communautés aux réalités de la santé mentale et de la prévention du suicide. Ce travail s’appuie sur une étude préliminaire réalisée en 2023 par le Centre Ubuntu, sous la supervision du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA, avec lequel le Centre Ubuntu a signé un partenariat. Grâce à ces rencontres, des discussions ouvertes sur le suicide et ses causes sont menées, permettant de lever le voile sur des sujets longtemps restés tabous.
La Santé Mentale : Une Réalité Encore Méconnue
Les activités d’animation psychosociale ont mis en lumière une réalité préoccupante : le suicide est souvent perçu comme une malédiction, de la sorcellerie, ou le résultat d'une insuffisance spirituelle. Beaucoup de Burundais considèrent le suicide comme un phénomène surnaturel, attribuant la mort à des démons ou des malédictions plutôt qu’à un problème de santé mentale. Par conséquent, les familles affectées préfèrent souvent cacher les cas de suicide, par peur du stigmate ou pour éviter de prendre des responsabilités.
Cette méconnaissance de la réalité de la santé mentale conduit à des réflexes tels que le recours systématique aux exorcismes ou aux prières pour "guérir" des maladies psychologiques comme la schizophrénie ou les troubles dépressifs graves. Pourtant, ces conditions peuvent être soignées efficacement dans des centres de santé mentale avec un suivi médical approprié. Les animations psychosociales permettent de sensibiliser les communautés et de les éduquer sur le fait que les maladies mentales sont réelles, peuvent être diagnostiquées, traitées, et même guéries.
Des Réflexes Culturels qui Freinent l’Accès aux Soins
Il existe une nécessité impérieuse de renforcer les connaissances sur la santé mentale au Burundi. Bien que la médecine moderne ait prouvé son efficacité dans le traitement des troubles mentaux, il reste difficile pour de nombreux Burundais d’accepter qu’une dépression nerveuse ou un trouble anxieux nécessite un traitement médical plutôt qu’un simple "soin spirituel". Dans les centres urbains, les personnes atteintes de troubles mentaux graves sont souvent abandonnées par leur famille et laissées à elles-mêmes dans les rues, sous le regard indifférent de la société. Peu de gens réalisent que ces personnes peuvent retrouver une vie normale grâce à un traitement psychologique ou psychiatrique adéquat.
Les animations menées dans le cadre du projet "WIHORA IKI ?" révèlent que beaucoup de Burundais ne savent pas faire la distinction entre le recours à la spiritualité et l'intervention d'un professionnel de la santé mentale.
Dans quelles situations peut-on recourir à la spiritualité, et quand est-il nécessaire de consulter un psychiatre ? Plutôt que de les opposer, il est important de comprendre comment ces approches peuvent se compléter. Savoir orienter les personnes vers les professionnels de la santé mentale au besoin est essentiel, tout en reconnaissant le soutien que la spiritualité peut également offrir.
La compréhension de ces notions est essentielle pour que chacun puisse reconnaître les symptômes d'une maladie mentale et agir en conséquence.
Un Long Chemin à Parcourir pour la Santé Mentale
La lutte contre le suicide au Burundi ne se limite pas à la sensibilisation : elle doit inclure des actions concrètes pour offrir un accès à des soins de santé mentale de qualité et pour éliminer les préjugés. Les efforts dans ce domaine sont encore minimes et doivent être multipliés. Le Centre Ubuntu et la Coopération Suisse travaillent sans relâche, mais il est clair qu’ils ne pourront pas relever ce défi seuls. La mobilisation de toutes les forces vives du pays est indispensable pour briser le silence autour du suicide, lever les tabous sur la santé mentale, et soutenir les personnes en détresse.
Il est temps d’agir ensemble pour que le suicide ne soit plus considéré comme une fatalité. Rejoignez-nous dans cette lutte pour sauver des vies et créer un Burundi plus résilient. Votre contribution, quelle qu’elle soit, est essentielle pour faire une différence.
Ensemble, nous pouvons changer les perceptions, mais aussi agir sur les causes du suicide, qui incluent des facteurs variés tels que les conflits familiaux, les difficultés économiques, et les traumatismes sociaux. Pour un impact durable, il est essentiel que toutes les parties prenantes – familles, communautés, professionnels de la santé mentale et institutions – travaillent main dans la main pour aborder ces causes de manière holistique et offrir un meilleur avenir à ceux qui luttent en silence contre leurs souffrances psychologiques
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