Étude sur les Déterminants du Suicide au Burundi : Un Appel à l'Action pour Prévenir une Tragédie Silencieuse

Centre Ubuntu

Le suicide est une tragédie silencieuse qui affecte des milliers de vies à travers le monde, et le Burundi n'échappe pas à ce phénomène. Une récente étude intitulée "Étude sur les Déterminants du Suicide au sein des Communautés du Burundi", menée dans les provinces de Bujumbura-Mairie, Gitega, Ngozi et Rumonge, a révélé des données alarmantes qui soulignent l'urgence d'agir pour prévenir ce fléau.

Contexte de l'Étude

Cette étude est une continuité des travaux précédemment menés par l'Institut des Statistiques et d’Études Économiques du Burundi (ISTEBU). L'étude de l'ISTEBU avait déjà montré une tendance inquiétante, avec des taux de suicide en augmentation dans plusieurs provinces du pays. Le Centre Ubuntu, dans son engagement à contribuer à la paix et au bien-être social, a donc approfondi ces recherches pour mieux comprendre les causes profondes du suicide dans les communautés burundaises.

Méthodologie et Objectifs

L'étude s'appuie sur une approche mixte alliant des données quantitatives et qualitatives pour dresser un portrait complet des facteurs qui poussent certains Burundais à envisager ou commettre l'acte désespéré du suicide. L'enquête a été menée auprès de différentes cibles :

  • Chefs de ménage,
  • Personnes ayant tenté de se suicider,
  • Familles ayant connu un cas de suicide.

Les objectifs principaux de l'étude étaient de :

  • Identifier les déterminants psychosociaux et économiquesdu suicide,
  • Recueillir les perceptions des communautés sur le phénomène,
  • Proposer des pistes de solutions pour renforcer la prévention et l'accompagnement des personnes vulnérables.

Résultats Clés

Les résultats de l’étude révèlent une situation préoccupante :

  • 8,3 %des Burundais ont pensé au suicide au moins une fois dans leur vie.
  • 4,3 %ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours.
  • Les principales causes identifiées incluent les traumatismes liés aux conflits sociopolitiques, les problèmes économiques, la solitude, et la manque de soutien psychologique.

Facteurs de Risque

Parmi les facteurs de risque identifiés, on retrouve :

  • L'isolement social: Un sentiment d'abandon ressenti par de nombreuses personnes, particulièrement dans les zones rurales.
  • Les traumatismes passés: Notamment chez les individus ayant vécu des violences ou des guerres.
  • Les difficultés économiques: Le chômage, la pauvreté et l'absence de perspectives d'avenir sont des éléments qui aggravent les souffrances mentales des Burundais.

Les Recommandations de l'Étude

L'étude recommande une série de mesures pour lutter contre le suicide, notamment :

  • Renforcer les capacités des acteurs locauxdans l'accompagnement psychosocial,
  • Sensibiliser les communautés pour lever le tabou autour du suicide,
  • Mettre en place des services d’écoute et des thérapies de groupe pour soutenir les personnes vulnérables,
  • Mobiliser les leaders communautaires pour jouer un rôle actif dans la prévention.

Une Tragédie Silencieuse qui Interpelle

Le suicide reste un sujet tabou au Burundi, souvent entouré de silence et de honte. Pourtant, la gravité des chiffres montre que des mesures doivent être prises d’urgence pour enrayer ce phénomène. L’étude met également en lumière l’importance de briser le silence et d’ouvrir un dialogue franc et ouvert sur la santé mentale, un sujet longtemps négligé dans les communautés burundaises.

C’est dans ce cadre que le Centre Ubuntu, avec le soutien de la Coopération Suisse, a lancé un projet intitulé "Contribution à la prévention du suicide au Burundi : WIHORA IKI ?". Ce projet, qui signifie en kirundi "Pourquoi tu te tues ?", vise à prévenir le suicide à travers des animations psychosociales, des thérapies de groupe, et des plaidoiries auprès des autorités locales. Ce projet s’appuie sur les résultats de l’étude pour sensibiliser les communautés sur l’importance de la santé mentale et de la cohésion sociale, tout en mettant en place des mécanismes de soutien pour les personnes en détresse.

L’urgence est réelle. Les résultats de l’étude sont un appel à l’action pour les autorités, les organisations, et chaque citoyen. La prévention du suicide doit devenir une priorité nationale pour sauver des vies et protéger les générations futures de ce mal silencieux.

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